Le pourquoi fait voyager vers une connaissance approfondie du besoin.
Chaque année, environ 15% des jeunes sortent du système éducatif sans diplôme. L’école française est l’une des plus inégalitaires du monde en termes de réussite scolaire. On parle de décrocheurs, moi, je préfère le terme d’incompris. Face à ce constat d’échec, il est bon de rappeler que la finalité de l’école, c’est de mettre en confiance les élèves, de créer du lien, de leur donner l’envie d’être autonomes, de les amener à résoudre les problèmes par eux-mêmes, de les aider à acquérir de nouvelles compétences. Favoriser l’engagement est crucial. C’est avoir la capacité de répondre à la question du » pourquoi » on s’engage.
Le système éducatif a une vraie responsabilité.
Une étude montre que le décrochage individuel est le résultat d’un processus jalonné par les difficultés d’apprentissage, par la mise en cause de l’ordre scolaire et le rejet de ses normes sociales, par la difficulté à s’insérer dans le groupe social que constitue la classe, ou par des difficultés individuelles et familiales. Si l’on demande aux intéressés pourquoi ils ont abandonné prématurément leurs études, ils rapportent leur lassitude de l’école (66 %), l’impression d’y perdre leur temps (50 %), l’absence d’intérêt des cours (37 %), l’inutilité des contenus appris (33 %), la peur d’échouer (33 %), et la difficulté des exercices proposés (23 %). La sortie précoce de l’école, est multifactorielle et ne dépend pas seulement de l’école. Mais le système éducatif a la responsabilité de permettre à tous les élèves de se sentir bien à l’école, d’être actifs en classe, d’être motivés par ce qu’on y fait, et d’être confiants dans leurs capacités d’apprentissage.
Réussir ou échouer résultent d’un ensemble de microdécisions.
Pas plus que la spirale de l’échec, la spirale de la réussite n’est un choix de l’élève. Réussir ou échouer résultent d’un ensemble de microdécisions de l’élève, dictées, entre autres, par la manière dont l’enseignant interagit avec lui et structure sa confiance. Certains gestes professionnels jouent un rôle central pour élever la confiance des élèves. Présenter les erreurs comme des étapes normales et indispensables de l’apprentissage, souligner expressément les progrès des élèves, leur donner les outils pour surmonter les difficultés occasionnelles, leur témoigner une véritable bienveillance, par une communication sereine et un comportement verbal et non-verbal positif.
Accompagner l’élève pour créer du lien, au propre comme au figuré.
La « bonne autorégulation » commence par la manière dont les buts sont conçus, puis proposés par l’enseignant : le but doit être intéressant et accessible, la consigne doit être claire et le lien entre le but d’apprentissage et la consigne doit être aussi clairement explicité pour que la motivation d’apprendre soit le moteur de l’activité. Réaliser ce que demande la consigne sans comprendre pourquoi on le fait, c’est substituer la docilité à l’effort de penser par soi-même. L’enseignant doit aussi vérifier, avant même de commencer l’activité, que les élèves ont tous les connaissances et les compétences nécessaires pour s’y engager, et pour comprendre la relation entre l’exercice proposé et l’acquisition visée.
En résumé, le but de l’enseignant n’est pas seulement de choisir un apprentissage ou un exercice qui y conduit. Le but de l’enseignant est aussi de favoriser et d’accompagner l’engagement de l’ensemble de ses élèves dans un apprentissage auto régulé. L’accompagnement consiste, en particulier, à sensibiliser les élèves aux objectifs d’apprentissage que les exercices proposés leur permettront d’atteindre.
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Ressources
Rapport de l’Observatoire des inégalités. https://www.inegalites.fr
Rapport de Joëlle Proust, membre du Conseil scientifique de l’éducation nationale Metacognition_GT5.pdf
http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/documents/documents-smd/bonnery-amidou
