Bienveillance et réciprocité
Élaborée dans les années 1970, par le psychologue américain Marshall Rosenberg, la CNV qui signifie Communication NonViolente(1) est un outil de développement personnel, qui repose sur le principe de la bienveillance et de la réciprocité. Pour l’avoir pratiqué au sein de mes ateliers de formation, je dirais que c’est un modèle qui donne la formidable opportunité de rétablir notre élan naturel à nous connecter les uns aux autres. À travers elle, il s’agit d’évoquer une situation donnée, délicate ou de conflit, de manière calme et objective, sans jugement, ni évaluation.
La pratique de la CNV donne naissance à une communication authentique, car elle permet de dépasser les jugements et les interprétations en orientant l’énergie vers ce qui existe, ce qui est voulu et ce qui peut être transformé. Engager un travail sur soi, devenir conscients de nos propres croyances et de nos plafonds de verre, font de nous des individus agissants et de bon sens. Pour ce faire, Il est essentiel d’être à l’écoute de ses propres sentiments et de ceux des autres, en procédant par certaines étapes clé de décryptage, pour mieux répondre aux besoins de chacun et favoriser la coopération.
Déceler les tensions dans un climat de confiance
Lorsque nous communiquons, nous mélangeons sans en avoir conscience plusieurs niveaux de discours, qui produisent des effets différents sur nos interlocuteurs. Même s’il n’est pas possible de vivre sans interprétations, lorsqu’elles sont trop présentes dans notre discours, elles peuvent créer des tensions. Ainsi, pour améliorer nos relations avec les autres, il est nécessaire de rééquilibrer notre communication grâce à cette approche subtile de communication formalisée.
Pour avoir utilisé ce modèle dans le milieu éducatif, dans un climat de confiance préétabli, auprès d’un public d’élèves et d’enseignants, je peux aussi témoigner de sa force et de ses avantages. C’est un exercice d’échanges, établi sur de très précieuses valeurs que sont la confiance, la sincérité, le respect de soi-même et d’autrui, l’écoute active, l’empathie, la gratitude, entre autres. Il est donc indispensable que chaque acteur qui se livre à cette expérience soit en lien avec ces fondamentaux et les exprime avec honnêteté et clarté.
Chacal/girafe : un duo plus qu’un duel
Marshall Rosenberg utilise la métaphore de la girafe et du chacal pour symboliser deux modes d’expressions différents et parfois opposés : le chacal reflète notre manière habituelle de communiquer, avec nos jugements, notre morale, nos exigences, nos désirs d’avoir raison et notre déni de responsabilité. La girafe quant à elle, possède le langage du coeur, empreint de conscience, et une grande qualité d’écoute active.
Je vous invite à visionner des vidéos de Communication NonViolente pour découvrir et comprendre la visée de cette symbolique singulière, qui n’est pas moralisatrice, mais instructive et désamorçante . Nous ne pouvons nous résumer à l’un ou à l’autre, car les deux langages sont interdépendants. Pas de girafe sans chacal et pas de chacal sans girafe. Au-delà des apparences, ils ne sont pas en opposition, et ils travaillent en étroite collaboration.
Une démarche en quatre étapes
La démarche comprend quatre composantes ( OSBD ) : Observations, Sentiments, Besoins, Demandes. Elles peuvent s’utiliser en deux phases : s’exprimer avec sincérité (cela correspond au centrage sur soi), et écouter l’autre avec empathie (cela correspond au centrage sur l’autre).
Les Observations : j’évalue et je décris ma situation de façon neutre et objective.
Il est important de distinguer l’observation de l’évaluation ou l’interprétation. Si on mélange observation et évaluation, l’interlocuteur risque d’entendre une critique, de résister ou de quitter la salle.
Exemples : « Tu travailles trop » est une évaluation. « Flora est arrivée la dernière tous les jours de cette semaine. » est une observation.
Les Sentiments : je repère les émotions sous-jacentes à toute communication.
Nous sommes plus formés à diriger notre attention sur les autres qu’à être en contact avec nous-même. Identifier ses sentiments suppose de les distinguer de ce que nous pensons être ; de l’interprétation des réactions ou comportements des autres.
Exemples : « J’ai le sentiment que ma prof ne m’aime pas. » est un exemple de pensée ou d’interprétation : « Je suis triste que tu m’ignores. » est un exemple de sentiment. Liste de sentiments : triste, anxieux(se), rassuré(e), satisfait(e), frustré(e), confiant(e), fâché(e), soulagé(e), débordé(e), déçu(e), serein(e), etc.
Les Besoins : je discerne les besoins satisfaits ou non exprimés derrière chaque sentiment.
Il est essentiel d’énoncer clairement ses besoins, afin de les conscientiser, mais aussi afin de permettre à l’autre d’être en empathie avec ce que je ressens et de mieux me comprendre.
Liste de besoins : soutien, affection, apprentissage, sincérité, indépendance, respect, etc.
La Demande : je formule à l’autre une demande claire et négociable, sans exiger.
Pour exprimer une demande, il faut respecter plusieurs étapes clés :
1/ Se demander ce que l’on peut faire soi pour soi-même,
2/ Se demander ce que l’autre peut faire pour soi,
3/ Formuler sa demande sous la forme d’une action ou d’un comportement concret, réalisable, formulé positivement, précisé dans le temps et l’espace, et négociable ( « Es-tu d’accord de… », « serait-il possible pour toi… » ).
La CNV est un levier extraordinaire. En favorisant cette pratique, dans un contexte privé ou professionnel, on crée un climat relationnel positif basé sur la coopération et l’entraide. Elle nous donne la capacité de résoudre de manière pacifiste et intelligente les situations sensibles et les conflits.
Quelques ressources
(1) L’expression » NonViolent Communication » est une marque déposée aux Etats-Unis ; Communication NOnViolente, avec les majuscules et sans espace, ni trait d’union, en est la traduction en français. Elle fait spécifiquement référence au modèle de M. Rosenberg.
Pour aller plus loin :
Selon l’ANCV ( Association pour la Communication NonViolente ) : » Si nous ne disposons pas d’arguments scientifiques suffisants pour mesurer les effets de la CNV à un niveau neuroscientifique, il est possible de justifier les bénéfices ressentis. Gardons la clarté que ce processus est d’abord un modèle, qui nous permet d’interagir avec l’intention de la qualité relationnelle, le lien à soi et aux autres. »
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